Le téléphone sonne. Je répond.
-Oui allo
-Miss repère tranquille FJJJHDSSATLLHIUYTF
-Maman, je ne comprends rien à ce que tu dis
- LKIYDCBKIYRESGJK
Ma mère crie et pleure. Je saisi que quelqu’un est mort. Un ami de la famille a un cancer en phase terminale. Je pense que c’est lui.
-Maman, parle plus lentement, je ne comprends rien…
-Ghislain est mort
-Ghislain qui ?
-Ton parrain
-QUOI ? Je hurle à mon tour, je pleure, je respire saccadé, je n’arrive pas à me ressaisir devant une telle affirmation. Je ne m’y attendais pas, pas du tout.
Le Charmant arrive en trombe avec la petite, réveillée par mes cris, dans les bras.
Ma mère me dit de me calmer, de reprendre mes esprits. Elle va me rappeler…
Je suis sous le choc, totalement. Le Charmant allume la télévision, tout est embrouillé devant mes yeux. Je n’écoute pas, je ne vois pas, je n’entend plus. Comme une zombie, comme déprogrammée. Les seules bribes d’images que je perçois me paraissent anodines, sans saveur, sans couleur, avec la nouvelle que je tente de digérer. Peut-on vraiment digérer ça ? Aucune idée. C’est mon premier vrai deuil, d’une personne proche. Je ne sais pas comment réagir, comment dealer avec ça. Je me sens complètement démunie.
Dans ma tête, les souvenirs repassent en boucle, les phrases qu’il a pu dire, son rire, sa voix, ses mimiques, ses expressions. Son si bon pain qu’il faisait, ses dessins, ses exercices, ses Bee Gees, ses cheveux qu’il peignait soigneusement, sa foi, tout me revient en mémoire. Il ne parlait pas si souvent, mais je vais toujours me souvenir d’une phrase qu’il m’a dite lorsque j’étais en chagrin amoureux et que j’avais accouru à Matane pour être entourée de ma famille, comme je faisais toujours quand j’avais besoin d’être réconfortée : «Tu restes le temps que tu veux, tu es la bienvenue». Je l’avais trouvé si gentil de me dire ça… si attentionné…
Je pense à ma marraine, à mes deux cousines que je considère comme des sœurs. Depuis que j’ai 5-10 ans (j’ai 26 ans samedi…), tous les étés, les Noëls, Pâques, Actions de grâce, je vivais avec eux quatre. Ils ne sont plus que trois. Ça fera un vide énorme. Une place irremplaçable.
Cette fois, je me précipite à Matane non pas pour être réconfortée, mais pour consoler, le plus que je peux, ma famille.
lundi 14 décembre 2009
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